Série mytheuse (1992-2001)
Cette série propose des scènes issues des mythologies gréco-latine, biblique et catholique (un peu) revisitées. Des allégories figuratives de quelques histoires sont illustrées en photographies négatives et inversées — réalité physique de la prise de vue photographique argentique.
Bien sûr, le titre de cette série, que l'on peut aussi voir comme un dérisoire bricolage imagier, tend davantage à se demander ce qu'il reste de ces mythes dans l'imaginaire collectif et individuel de l'homme moderne qu'à les représenter, même de façon décalée. Des bribes d'histoires dont on ne sait plus d'où elles viennent, des récits fatigués de héros et personnages dont on entend encore parler ici ou là, pour certains une exposition d'une croyance, illustrées d'une manière décidément inaccessible, utopique.
Des mythes modernes, on aurait sans doute plus de difficultés à en parler. Cependant, nous sentons bien la parenté avec les anciens, ne serait-ce que dans l'impossibilité d'échapper à leur présence. Ils nous proposent des conceptions du monde, ordonnées, socialisées, que l'homme s'approprie pour se libérer de son angoisse existentielle. L'interprétation d'un mythe est extrêmement délicate, mais on peut admettre qu'il dit quelque chose sur quelque chose à quelqu'un et que cela ne peut être dit qu'à vous.
La série mytheuse présente certaines hypothèses peu orthodoxes, en jouant avec le fonds de culture occidentale, avec les images, les photographies, la sexualité, la mort. L'image est, dit-on, une pseudoprésence, une représentation. Elle nous fait oublier l'absence de ce qui ne peut être vu. Le mythe est un discours de remplacement, une invention poétique, une histoire qui s’efforce de dire ce qui ne peut être dit. Si entre muthos et logos (entre la parole, le récit, et la raison) il faut choisir, je prends les deux, pour tenter, sens dessous dessus, de mettre de la chair sur des concepts. Approximativement et à l'envers, sans garantie aucune que le sens l'emportera sur le non-sens !
15 épreuves jet d'encre pigmentaire et pastel gras blanc, 90 x 60 cm
© Jean pierre Morcrette
21/03/2025